mercredi 14 février 2007

Le CRIME ET LE CRIMINEL DE MAHMOUDYA

Des soldats usaméricains ont planifié durant une semaine le viol d'une jeune fille iraquienne de 16 ans, Abir Al Janabi, son assassinat et celui de sa famille.

Témoignage d'un voisin

Le crime et le criminel de Mahmoudiya


NDLR Quibla : Steven Green,le garçon de la photo, 21 ans, ancien soldat de l'infanterie usaméricaine réformé pour "troubles de la personnalité", a été inculpé le 3 juillet pour viol et meurtres par un tribunal de Louisville (Kentucky). Le 5 juillet, il a plaidé non coupable. Il risque la peine capitale et la réclusion à perpétuité. Deux autres soldats usaméricains ont été inculpés le 25 juin d'homicide et de voie de fait sur des civils iraquiens près d'un camp militaire à Ramadi (110 km à l'ouest de Bagdad), et quatre soldats ont été inculpés fin juin pour le meurtre avec préméditation de trois prisonniers iraquiens. Mais le crime dont s'est rendu coupable Steven Green avec ses camarades de combat surpasse en atrocité tous les crimes de guerre commis par l'armée usaméricaine depuis trois ans et demi en Iraq et s'inscrit bien dans la "glorieuse tradition" de la 101ème Division aéroportée basée à Fort Campbell (Kentucky), qui s'était illustrée par des crimes sanglants tout au long de la guerre du Vietnam. Voici le récit de ce crime.

Trois mois après les faits, un nouveau crime perpétré par des soldats usaméricains en Iraq a été révélé au grand jour. Des soldats ont violé une jeune fille iraquienne avant de l'assassiner avec trois membres de sa famille, dont un enfant, dans une zone située à 9 Km au nord de Mahmoudiya (sud de Bagdad).

Les premières investigations de l'armée usaméricaine ont révélé la barbarie du crime, perpétré au mois de mars dernier, avec préméditation, puisque préparé durant une semaine, ce qui expose les auteurs à la peine de mort, selon un officier usaméricain.

L'agence Associated Press a indiqué le samedi 1er juillet 2006, sur la foi des déclarations d'un responsable usaméricain proche de l'enquête « que les soldats s'étaient introduits dans la maison d'une famille arabe sunnite, avaient séparé la femme de trois membres masculins de la famille, l'ont violée puis brûlée vive à l'aide d'un liquide inflammable en vue de camoufler le crime, puis tué les autres membres de la famille ».

Le responsable, qui a réclamé l'anonymat, a indiqué aussi que les soldats ont étudié les victimes durant une semaine et qu'ils avaient prémédité leur forfait ». Un autre haut responsable militaire usaméricain, qui lui aussi a réclamé l'anonymat, a révélé que l'une des victimes était un enfant et que l'affaire a été éventée au cours d'une séance de discussion de routine, indiquant qu'un soldat avait reconnu son rôle dans les faits et qu'il a été appréhendé.

Un crime d'opportunité

Le même responsable reconnaît que le crime semble être le fruit d'une « certaine opportunité », puisque les soldats impliqués n'ont pas subi l'attaque d'éléments armés, mais avaient tout simplement remarqué la femme, qu'ils ont ensuite violé et assassiné, au cours de leurs précédentes patrouilles.

Un soldat non impliqué dans l'affaire a apporté son témoignage : il avait aperçu ses compagnons lors de la préparation de leur forfait, puis une fois celui-ci commis, remarqué leurs habits ensanglantés.

Des responsables usaméricains ont reconnu qu'ils étaient au courant des assassinats des membres de la famille, mais croyaient que c'était le fait des violences interconfessionnelles.

Les premières soupçons se sont orientés vers deux soldats du 502ème régiment d'infanterie de la 101e division aéroportée, aperçus le 12 mars avec du sang sur leur tenue après le crime, attribué à l'époque à des hommes armés de la région. Mais un officier de police de Mahmoudiya, le capitaine Ihsane Abderrahmane, a indiqué qu'il avait reçu le lendemain du crime, le 13 mars, un rapport accusant les soldats usaméricains de l'assassinat de la famille iraquienne dans la zone de Khassir Abiad, proche de Mahmoudiya.

Le porte-parole des forces usaméricaines a déclaré pour sa part dans un bref communiqué diffusé le vendredi 30 juin, que le général James Thorman, le plus haut gradé militaire usaméricain dans la région de Bagdad, a demandé à la direction des enquêtes criminelles de l'armée d'entreprendre une enquête systématique, un jour après les révélations faites par deux soldats.

La peine capitale

À propos de la peine encourue par les auteurs des faits, au cas où ils seraient confondus, l'agence AP dit que les soldats risquent la peine de mort selon le code pénal militaire usaméricain.

Les responsables militaires usaméricains déclarent que les 4 soldats impliqués dans cette affaire ont été désarmés et mis aux arrêts dans une base militaire proche de Mahmoudiya

L'armée usaméricaine a déclaré que les soldats impliqués dans ce crime, appartiennent à la 502ème Division d'Infanterie à laquelle appartenaient les deux soldats faits prisonniers (par la Résistance, NDT) et dont les corps avaient été retrouvés le 19 juin, trois jours après leur capture. Les deux corps portaient les traces de supplices et l'un d'eux avait la tête coupée.
Il semblerait, selon les militaires usaméricains, que cette situation avait fait naître un sentiment de culpabilité chez l'un des soldats de cette division, ce qui l'a poussé à révéler ce crime le 22 juin dernier.

Cette affaire est la plus grave que connaissent les soldats usaméricains après celle qui a conduit 14 d'entre eux, la semaine dernière, à être accusés de meurtres de civils iraquiens. De nombreuses autres affaires du même genre font l'objet d'enquêtes, tels que le meurtre de 24 civils à Haditha le 19 novembre 2005, en représailles à la mort d'un soldat dans l'explosion d'un engin, le meurtre avec préméditation de trois détenus dans la province de Salaheddine, l'assassinat d'un soldat iraquien au cours de son interrogatoire à Al Kaïm..

Sur le plan politique, la députée iraquienne Safia Chebli, apparentée au groupe de Iyad Allaoui, a réclamé le 4 juin le questionnement du premier ministre Anouar Malki sur l'affaire du viol de la jeune Abir, ainsi qu'une enquête iraquienne indépendante. Le ministre de la justice quant à lui, a demandé l'intervention du Conseil de sécurité pour lever l'immunité des troupes usaméricaines, estimant que c'est l'impunité dont profitent leurs soldats face à la justice iraquienne qui les encourage à commettre de tels crimes.

En voyage au Koweit, le Premier ministre a déclaré pour sa part qu'il allait engager une enquête indépendante sur cette affaire.

Le témoignage accablant d'un voisin de la famille martyre

Le viol de nobles femmes iraquiennes par la soldatesque usaméricaine, est devenu monnaie courante dans la prison de Abou Ghraïb mais aussi dans la grande prison qu'est devenu aujourd'hui l'Iraq.

Le crime que nous relatons ici a dépassé par son horreur, son ignominie et sa barbarie tout ce qu'on peut imaginer en la matière.

Le correspondant de Mafkarat Al Islam dans la région de Mahmoudiya, ville sunnite au sud de Bagdad, a rapporté qu'une force usaméricaine, composée de 10 à 15 soldats, a pénétré dans la maison de Kacem Hamza Rachid Al Janabi. Ce dernier est né en 1970, travaille comme gardien au dépôt de pommes de terre appartenant à l'État et y réside avec son épouse et ses quatre enfants : les deux filles, Abir (la brise), née en 1991, et Hédil, née en 1999 et les deux garçons : Mohamed (1998) et Ahmed (1996).

Les soldats usaméricains commencèrent par arrêter le mari Kacem, son épouse, Fakhria Taha Mohsen et leurs deux filles Abir et Hédil, les deux garçons étant encore à l'école. Il était 14 heures. Ils conduisirent les parents et la petite Hédil dans une même pièce et les exécutèrent à bout portant. Le père a reçu 4 balles dans la tête, la mère 5 balles dans le ventre et le bas-ventre et Hédil a été atteinte à la tête et à l'épaule. Puis ils conduisent Abir dans la pièce voisine, la déshabillent dans un coin et la violent à 10, à tour de rôle. Dès qu'ils accomplissent leur forfait, ils la frappent avec un objet tranchant sur la tête, selon le rapport d'autopsie, puis mettent un coussin sur son visage pour l'étouffer et y mettent le feu.

Le voisin de la famille martyre ajoute : « Une heure après les coups de feu, j'ai aperçu de la fumée qui s'échappait de la maison et j'ai vu les soldats partir précipitamment pour encercler la zone avec des éléments de la Garde nationale fantoche. Ils nous informent que des terroristes d'Al Qaïda se sont introduits dans la maison et ont tué toute la famille. Ils nous empêchent de pénétrer dans la maison. J'ai informé l'un des gardes que j'étais un voisin et qu'il me fallait voir les membres de la famille pour informer El Hadj Aboul Kacem le patriarche, du sort de son fils et de sa famille. C'est ainsi que l'on me laissa pénétrer à la maison.

En rentrant, j'ai trouvé le père, sa femme et leur fille Hédil, sans vie, baignant dans leur sang, sans aucune réaction quand j'ai touché les corps. Le sang continuait à couler et sortait de la pièce. Puis je suis rentré dans la deuxième pièce où se trouvait Abir. Le feu continuait à se dégager de ses cheveux, de sa bouche et de sa poitrine. Elle était dans un état indescriptible : ses habits étaient retroussés vers le haut et son soutien-gorge déchiré. Le sang continuait à couler d'entre ses jambes bien qu'elle fût morte depuis plus d'un quart d'heure et malgré le feu dans la pièce. J'ai compris qu'ils l'avaient violée : elle était couchée sur le visage, son arrière-train soulevé, les pieds et les mains liés. Je n'ai pu me retenir et j'ai pleuré. J'ai vite éteint le feu qui avait consumé une partie de sa tête, son visage, ses seins et ses cheveux et je l'ai couverte d'un bout de drap. J'ai réfléchi un peu à la situation et je me suis dit que si je parlais et protestais, ils allaient m'arrêter. J'ai donc gardé le silence et je suis sorti de la maison sans rien dire pour pouvoir témoigner en temps utile.

Au bout de trois heures les soldats d'occupation ont encerclé la maison et ont répandu la rumeur que la famille avait été assassinée par des terroristes parce qu'elle était chiite. Personne n'a évidemment cru à ce bobard parce que tout le monde se connaît et que la famille était bien connue de tous comme une famille des meilleurs sunnites. Face à cette situation, les forces d'occupation ont procédé juste après la prière du Maghreb au transfert des quatre corps des victimes à la base militaire usaméricaine, puis le lendemain à l'hôpital de Mahmoudiya, en donnant à son administration leur première version des faits. Le même jour, en compagnie des proches de la famille, nous avons pris les corps des suppliciés à l'hôpital et avions procédé à leur inhumation par la grâce d'Allah. »

Briser le silence

Le témoin ajoute : « Nous avons décidé de ne pas nous taire et avons demandé aux moujahidine de la région de réagir en urgence. C'est ainsi qu'ils ont monté une trentaine d'opérations contre les forces d'occupation en deux jours, faisant plus de quarante morts parmi les soldats usaméricains. Mais cela ne suffisait pas à nous calmer et nous nous sommes adressés aux médias, en commençant par la chaîne Al Arabiya, qui est puissante en Iraq. Personne ne nous a cru, estimant qu'ils tiraient leurs informations des communiqués officiels usaméricains et ne pouvaient s'engager dans une affaire qui les dépasse. C'est le correspondant officiel de Al Arabiya en Iraq, Ahmed Assalah en personne qui nous l'a dit. Nous nous sommes adressés à des journaux de Bagdad qui nous ont éconduits, parce que nous étions sunnites comme les victimes innocentes de ce drame. Les combattants nous ont conseillé la patience en nous promettant que le sang et l'honneur de Abir et de sa famille seraient vengés comme ils le méritaient. »

Craintes fondées

Le voisin continue son récit : « Le 9 mars 2006, la mère d'Abir est venue me demander si je pouvais héberger sa fille avec les miennes parce qu'elle craignait pour elle. Cela ne m'a pas étonné et j'ai évidemment accepté.

Les soldats de l'occupation, disait-elle, lui jetaient des mauvais regards quand elle sortait pour conduire les vaches au pré et qu'elle passait par un contrôle usaméricain situé à 15 mètres de la maison paternelle. Mais dans mon for intérieur, j'ai pensé que les craintes de la mère étaient mal fondées, la fille étant chétive et avait à peine 16 ans. Je n'ai jamais pensé que les criminels exécuteraient leur crime en pleine journée. ».

Le témoin ajoute : « Les forces d'occupation sont venues vendredi dernier - un jour avant que le correspondant de Mafkarat Al Islam se rende sur les lieux du crime - et ont ordonné aux habitants d'exhumer le corps d'Abir pour des analyses. Ils m'ont demandé aussi de rester à leur disposition en tant que témoin, ce que je ferai et je suis prêt à aller n'importe où pour faire éclater la vérité.

Rappelons que Mafkarat Al Islam a été la première agence d'information à révéler ce nouveau crime des forces d'occupation.



Traduit de l’arabe par Ahmed Manaï

Sources : aljazeera.net, islamonline.net et Mafkarat Al Islam (Islam Mémo).

Aucun commentaire: